lundi 8 septembre 2008

Orfraie des marais de Bourges.




Non ce n’était pas le radeau de la Méduse, ni l’embarquement pour Cythère, ni la pirogue sur les eaux de l’Amazone à la recherche de la statuette à l’oreille cassée, non c’était tout simplement des barques funéraires qui emmenaient nos âmes sur l’autre rive car on s’était dit qu’on était mort et que c’était l’heure d’abandonner, jardin, verger et maison. Au son de la cornemuse et de la derbouka, les plates glissaient sur les eaux noires et les applaudissements des gens restés sur la rive crépitaient dans la nuit calme et tranquille où les pâles ramures des saules se balançaient doucement au souffle léger de la brise. Mais Hadès, le dieu des morts nous a laissé repartir : Pierre de Lune ne s’est pas retourné pour voir si Graine de Cannelle était toujours là. C’est ce qu’il fallait faire pour revenir à la vie et lorsque le marinier plaça la barque au bord de la rive, ils retrouvèrent la terre ferme telle qu’ils l’avaient laissée avec plaisir et un peu de soulagement pour Pierre de Lune qui avait un peu mal au cœur quand la barque de temps en temps tanguait et beaucoup pour Graine de Cannelle qui ne sait pas nager. Il ne manquait plus que la barque se renverse et alors si nos matelots en herbe prennent le bouillon dans les marais et disparaissent corps et bien, je crains fort qu’ils restent sur l’autre rive pour l’éternité.

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