mercredi 15 octobre 2008

Aux étangs des trois biches







J’ai embrassé la belle et tendre saison d’automne. Au détour du chemin, elle m’attendait assise sur l’herbe jonchée de feuilles, habillée d’une robe de velours que le soleil inondait de lumière. Puis je regardais les eaux calmes de l’étang où se mirait sa chevelure d’argent. Combien de temps sommes nous restés ensemble, les pensées comme suspendues dans cette forêt dont les arbres comme des colonnes soutiennent un temple aux fresques de couleurs si nuancées, mariées aux vitraux si étincelants qu’une musique semblait creuser le ciel pour atteindre l’azur toujours plus profond.La nuit pourtant s’avançait. Le froid tombait sur nos épaules. Le feuillage s’estompait dans la brume et seul le cri des corbeaux troublait le silence. Elle se leva et je la suivis. J’osais lui prendre la main et j’ai senti le sentiment immense de l’enfance abolie. Au bord du lac, le passeur se tenait immobile dans sa barque. Bientôt le frêle esquif fila sur l’eau qui dort, emportant l’enfant et l’automne enlacés. Au réveil, c’était l’hiver.