mardi 30 juin 2009

L'âme au vent


Il est temps de nettoyer notre âme où s’est déposée la poussière des ennuis et des vastes chagrins, de l’accrocher ensuite au fil de l’espoir, gonflée au souffle de l’esprit comme le linge, balançoire de toiles bariolées qui claquent au vent, avant de la ranger dans l’armoire intérieur dont les portes du monde s’ouvrent pour laisser passer les souvenirs, le temps qui passe comme le vent dont le murmure chante l’adieu du soir à la forêt alors que le linge est déjà retiré et qu’il ne reste plus que le fil qui disparaît dans l’obscurité.

lundi 22 juin 2009

La vieillesse des engins agricoles.




Un matériel agricole d’une autre époque est entrain de rouiller lentement au fil des jours. Il a l’effet du soleil couchant dans les beaux arbres d’octobre. Dans son immobilité il ne lui reste plus que le temps. Revoit-il seulement les champs dorés qu’il moissonnait, la terre qu’il ouvrait et retournait et qui laissait exhaler une vapeur légère ? Entend –t-il encore le chant du laboureur et le ahanement des bœufs dont les pas lents et sûrs se dirigeaient toujours vers la lisière où les vieux soirs tiennent le clair de lune, l’humidité et le silence ? La terre lui est cachée, il ne découvre plus que le ciel où passent les nuages, où scintillent les étoiles à partir desquelles il se dirige comme un voyageur de nuit dans le champ de ses souvenirs.

mardi 16 juin 2009

Le hameau endormi.




Une vague couverte de forêt, semble vouloir engloutir les maisons nichées dans le pli de la mer immobile et verte des champs où glisse l’ombre d’un oiseau au dessus duquel flottent lentement des nuages colorés d’espoir, qui suivent la courbe du temps en écho des sources muettes que sont devenues les objets inanimés sur la terre endormie, encore préservée du doute, terrible trou noir de l’esprit, là où se perd alors son enfance et la confiance en soi-même.

mercredi 10 juin 2009

Entre les murs





Entre les murs, la mémoire s’est fossilisée en statues dont la force vitale émanant des ancêtres perce l’ombre pour passer dans la lumière. Malgré leur langue de pierre, elles nous parlent de l’éternité, malgré leur corps de pierre, elles nous emmènent en voyage jusqu’à la terre promise et malgré leur cœur de pierre, elles veillent jour et nuit sur le monde et nous protègent. Mais quelque fois, le soir, la mélancolie arrive à s’insinuer dans les fibres de leurs êtres de pierre, elles regrettent le temps des cathédrales, battues par le vent et la pluie sur les hauteurs des façades et rêvent à leurs lointaines cousines de l’île de Pâques, ces statues géantes, face à l’océan, dont les yeux de pierre ne peuvent pourtant refléter la robe de pourpre du soleil couchant.

jeudi 4 juin 2009

Le blé en herbe


Une fillette et un garçonnet courent le long des champs de blés encore verts. Ils s’arrêtent essoufflés et se regardent les yeux dans les yeux où se reflètent la confiance et l’insouciance. Et les voilà marchant main dans la main par le chemin pas encore amer où glisse l’ombre de l’oiseau qui emporte leur secret. Ils s’arrêtent à nouveau à attendre au bord du temps alors que l’oiseau a disparu dans le vent comme la vérité dans le ciel et la beauté sur cette terre où le papillon d’un vol tout en fantaisie recherche un coquelicot perdu dans le blé en herbe.