mardi 29 juillet 2008

Au nom de la rose à Châteaudun




La capuche rabaissée, le visage sombre, la tête légèrement inclinée, les moines déambulent en longue procession le long des murs épais du château de Dunois. Ils se préparent pour la messe noire. Ils pourraient bien s’emparer de la reine de Sabbat dont le charme s’est emparé de la noble assemblée insouciante qui festoie innocemment. Hélas point de chevalier pour la protéger, Dunois, le superbe capitaine des armées est parti combattre les anglais et donc sans coup férir, ils vont l’enlever, l’allonger nue sur l’hôtel, lui planter un couteau dans le cœur, recueillir son sang, le boire à la santé de Satan et ainsi être damné pour l’éternité pour avoir une âme aussi sale que la boue qu’on trouve au fond de douves des châteaux, de nos beaux châteaux dont les tours touchent les nuages sculptés par le vent, si roses, si orangés quand vient le soir, qu’on pourrait penser à des sortes de rochers ouatés où dorment les anges.

samedi 26 juillet 2008

Les chevaliers de Sagonne




Et voici venu, le temps des chevaliers. « Sagonne, Sagonne : ouvre nous tes portes et nous te défendrons contre le mal et le noir péché. La terre s’est assombrie. Le ciel est couvert de nuées. Le vent souffle avec violence. Au fond de notre âme nous avons gardé une petite lueur si vacillante, si fragile qu’il faut la protéger à l’abri de tes remparts. Sagonne, château de lumière donne nous le temps de reconstituer nos forces et le temps viendra où nous vaincrons l’indifférence et l’égoïsme, où nous reviendrons sur nos terres pour retrouver l’abondance des moissons et des troupeaux, où les troubadours pourront à nouveau chanter la beauté de la femme comme celle de Blanchefleur, damoiselle des moulins à eau, tressant les cascades en rameaux argentés dans cette si belle contrée attachante et mystérieuse.

mercredi 16 juillet 2008

Les tours de Blâmont




La France est un grand échiquier que nous, les troubadours fous, avons traversée de part en part du Berry jusqu’à la Moselle. C’était une belle petite fête du 12ème 13ème siècle qui se déroulait dans le château de Blâmont dans lequel nous avons déambulé comme les chevaux dans le jeu d’échec : un pas sur le côté et deux en avançant. Il fallait bien éviter les gens, les pierres, les tentes, les tables et les bancs. A la fin de la journée, nous nous sommes approchés des tours et avec la reine, nous avons fait échec au roi. Mais les gardes m'ont pris pour un sorcier alors que je faisais de la magie et ils m'ont jeté dans une cage. Ensuite tout est redevenu calme. Un bon feu nous a réchauffé. Au repas,la pluie est venue un petit peu . A minuit au lit. Réveil au son des cloches de l’église. Retraversée de la France. A l’arrivée, un message d’une amie musicienne , c'est la reine qui vient à mon secours, qui me sort de ce mauvais pas, la reine de la poèsie. Jugez plutôt:
« Fier abandon de ces tours qui pourtant se souviennent, depuis quand jusqu’ à toujours, de leur vie aérienne. Cet innombrable rapport avec la clarté pénétrante rend leur matière plus lente et leur déclin plus fort ».
Les tours de Blâmont par le feu, la petite pluie, les cloches nous avaient suivis tout le long du voyage. Oh belles tours prenez garde à nous, donnez nous notre rêve de chaque jour à la terre comme au ciel. Amen.

jeudi 10 juillet 2008

Le marché médiéval de Mehun/Yèvre







Que ne faut-il pas faire pour conquérir le cœur de celle qu’on aime ? Avait-il seulement le choix ? Charles VII l’avait enfermée en haut du donjon. Mais on avait bien préparé notre coup. Pendant que nous les troubadours, nous esbaudissions les gardes qui se tenaient en bas à la porte d’entrée, le chevalier Sacha, sans peur et sans reproches mais surtout sans peur en a profité pour grimper jusqu’en haut de la tour pour délivrer sa bien-aimée, malgré des coups de vent parfois violents. Sacré Sacha qui nous a tenu en haleine jusqu’au bout. Il n’avait pas de sécurité. Quand il a enjambé les créneaux de la tour, un tonnerre d’applaudissements a rempli les douves. D’un seul coup, le marché médiéval de Mehun /Yèvre s’est transformé en cirque avec au moins prés de 5000 personnes. Le plus grand cabaret du monde était là.

lundi 7 juillet 2008

Une soirée de mai à Condeau





Malgré de petites ondées, les invités ont pu s’installer sur la terrasse. Ce sont des représentants de la société Faure Herman qui fabrique des compteurs pour les puits de pétrole. Ils viennent de tous les coins du monde : américains, indonésiens, chinois, africains … Enfin nous, ce n’est pas la word music, c’est plutôt le contraire : le médiéval avec ses saltimbanques, c’est très local et dans le temps et dans l’espace. Mais ils sont repartis ravis de la cuisine, du spectacle et du bel environnement que représentent le parc et le château du domaine de Villeray. Cette soirée, c’est un bon début. A l’avenir, il faudrait faire venir les producteurs de pétrole et leur faire prendre un bon coktail de cuisine, de vin, de spectacle, de beau cadre pour qu’ils révisent à la baisse le prix de l’or noir. Et après les saltimbanques de l’ensemble « Aymerillot » seraient décorés de la légion d’honneur au nez et à la barbe des technocrates pour avoir contribué à réduire le déficit budgétaire de la France. Du respect, noble assemblée, pour les troubadours qui sont devenus avec cette soirée magique les troubadours de la terre entière ! Fi de la télé, avec mon blog, pierre par pierre, je construis ma citadelle médiatique qui défendra jusqu’au bout l’alternative culturelle.
Bon Pierre de Lune, on se calme si tu te gonfles trop comme la grenouille, tu risques d’exploser et là dispersé dans l’espace, on t’oubliera.

jeudi 3 juillet 2008

En voiture Simone!




Et maintenant en avant pour le quadrille, Mesdames et Messieurs, je vous présente des voitures extraordinaires, des belles voitures anciennes. Non mais regardez moi ce cul en forme de suppositoire, ce n’est pas du bel ouvrage ça ? Elles ne sont pas à vendre : leurs propriétaires en sont trop amoureux. Et puis ils sont à l’air libre, un vrai cabriolet et tout le monde les regarde. Quelle fierté ! Enfin, ils ont bien consentis à les quitter pour venir au banquet médiéval, histoire de remonter encore de quelques siècles. Au moment de se quitter, je leur ai souhaité pour l’après-midi, une bonne promenade. Et les voitures sont parties une par une. Quand la dernière a franchi les grilles du château, c’était le vide, c’est incroyable comme on peut s’attacher à ces espèces de gros insectes à quatre roues. J’espère qu’elles reviendront un jour. « Anne ne vois- tu riens venir ? » Et voilà notre princesse, du haut du gros donjon, qui attend le retour de nos croisés motorisés qui vont nous raconter les aventures d’un long voyage à travers les plaines de la Beauce parsemées d’éoliennes qui tournent inlassablement.

mercredi 2 juillet 2008

A Bicyclette!




Alors là vous allez me dire mais que viennent faire ces quatre cyclistes dans les coulisses des saltimbanques ? Ca y est Pierre de Lune il a pété les plombs. Déjà avec son Martin, il était complètement à l’ouest mais là quand même ce n’est pas le tour de France. Et bien si, d’abord c’est moi avec le fameux maillot violet Mercier que portait Poulidor, ensuite en jaune c’est Jacques un de mes cousins, en maillot Pelfort - le maillot d’Anquetil, Bruno, un de mes frères dit le Chicken ( il ne fait que 64 kg) et mon autre frère, Didier, en maillot vert qui m’a remis si l’on peut dire le pied à l’étrier depuis deux ans pour la pratique sportive du vélo. On est parti d’Igny, petite bourgade à côté de Palaiseau dans l’Essonne. On s’est farci la côte de Gomez, un mur et avec du vent en pleine face, la côte des Essards, celle des dix-huit tournants, de St Rémy et la derniére, la côte de Château-fort où à dix-neuf ans avec ma mère j’avais regardé le grand prix des nations. C’était Anquetil qui avait gagné. C’est sûr je n’ai pas grimpé la côte à la même vitesse. Après on a pédalé sur le plateau de Saclay avec le vent dans le dos. C’était les derniers km : un peu de douceurs avant la flamme rouge. A la fin, un peu fatigués mais toujours de bonne humeur d’autant qu’on a bien mangé et bu un bon petit vin et qu’on a parlé jusque tard dans la nuit. Que voulez – vous les troubadours 21ème siècle ils font du vélo, maintenant les chevaux c’est bon pour le tiercé et la chasse à court : les temps changent nous aussi d’ailleurs mais les émotions sont toujours là comme le vent , cette foutue côte de Gomez, la belle verdure des vaux de Cernay et le parfum énivrant des champs de Colza du plateau de Saclay qui m’annonçait lorsque j’allais sur mes seize ans que mon entraînement touchait à sa fin, qu’il ne me restait plus qu’à descendre la côte du Guichet pour arriver à Orsay, la ville de notre enfance.

mardi 1 juillet 2008

Le chevalier Martin


Vous voyez le chevalier « Martin » et vous dites : « Tiens un revenant » et il vous semble que vous dominez la situation.Vous vous dites: il revient après plusieurs siècles en forme de squelette comme tout bon revenant qui se respecte. Evidemment et ce n’est pas un hasard dans une fête médiévale avec son petit blason. Mignon ce petit Martin. Ah innocent que vous êtes ! Martin a un pouvoir terrible, il est beaucoup plus dangereux que Dracula, figurez-vous et ça remonte aux égyptiens, il peut vous voler votre âme et savez vous comment il fait, il attend votre mort et là, pardonnez- moi la crudité du propos, il aspire votre âme par le trou de balle. Oh quel horreur me direz –vous mais rassurez vous il ne le fait qu’à ceux qui ont dans leur vie commis trop de péchés. C’est quand même terrible, nous allons tous mourir un jour ou l’autre mais rendez –vous compte s’il aspire votre âme vous ne pourrez pas ressusciter, fini l’espoir d’aller au paradis où coulent des ruisseaux de miel et de lait entre les vertes collines dont les prairies fleuries que butinent les abeilles et les champs d’orge et de blé où le chant de l’alouette monte vers le ciel si bleu si pur, sont à l’image de votre âme où tout est beau, propre, tranquille et honnête. C’est qu’il peut se tromper le Martin. Moi j’ai entendu dire qu’il ne crachait pas sur la bouteille le Martin et qu’après une bonne beuverie, s’il n’a pas les yeux en face des trous (déjà quand on le voit à jeun on cherche les yeux) il peut jeter son dévolu sur un pauvre innocent. Bon je crois savoir que c’est déjà arrivé pour un producteur qui a versé de l’argent à un responsable culturel pour avoir le contrat. Bon d’accord ce n’est pas bien du tout mais ça ne méritait pas ce châtiment. Martin arrête de boire, fais ton boulot, aspire moi le trou du cul des trafiquants d’armes, de drogues, d’organes et d’enfants, des pollueurs qui pourrissent les mers et les océans, des boursiers qui spéculent sur la nourriture et des dictateurs qui affament leurs peuples et de tout ces idéologues en puissance qui sont capables avec une signature de faire tuer les hommes qui ne suivent pas leurs idées. Je ne sais pas si Martin va suffire à la tâche, il en faudrait d’autres mais ça demande alors plus de contrôle, plus d’organisation, des lois : reconnaissez que c’est délicat car ces revenants, ils nous ressemblent, avant c’était des hommes comme nous et c’est là le problème parce que s’il y a de la corruption au niveau de l’aspiration des âmes par le trou du cul, alors là j’ai le regret de vous annoncer que c’est la cause première de la fin du monde avant même le réchauffement climatique.