mardi 30 septembre 2008

A la fête de Chinon




A la fête de Chinon, on y danse, on y danse tout en rond. Toute la journée, pressés de toute part, ça piétine dans les ruelles et les places parmi les échoppes d’artisans et les tavernes montées par les associations sportives de la ville. Suit-on en aveugle dans ce labyrinthe, les intestins de Gargantua ? Avec le vin et la danse, il en aurait profité pour nous avaler d’un coup et la ville aussi, à tout faire. Du coup, on était tellement bien que personne n’a eu envie de sortir. Il a fallu qu’il pète un bon coup sur le pont, un véritable feu d’artifice sur les eaux de la Vienne pour que nous, les Pinochios de la renaissance sortent du ventre de Gargantua. La fête était finie. La nuit fut courte. A l’aube, Pierre de Lune aurait pu jouer de la cornemuse sur les bords du fleuve pour que le soleil se lève mais fatigué, il a préféré rentrer à la maison avec Graine de Cannelle. Loyset n’a pas trop traîné non plus. Depuis, je n’ai pas de nouvelles de Chinon, j’espère qu’ils ne sont pas restés dans le noir. Je ne pense pas. Il parait que la récolte cette année est d’un très bon millésime : ce qui prouve qu’il y a eu de bonnes journées ensoleillées. L’année prochaine, on aura du bon vin : bon présage pour la fête 2009.

samedi 27 septembre 2008

L'abbaye de Nottonville




C’est bien jeune qu’il a franchi les portes sévères de l’abbaye. En est –il sorti seulement un jour ? Pendant des années, il a vécu avec les autres moines, abîmé dans ses prières dans l’odeur du foin, des bouses de vaches et du feu de bois. Enivré par la couleur dorée des grains entassés dans les granges, il pouvait regarder un coin de ciel bleu et espérer une vie meilleur dans l’au-delà, une vie plus douce et moins froide que ces murailles dont les pierres grises et lourdes ne laissent passer que le chant du coq et le son de la cloche. Tiens, c’est déjà l’angélus se dit-il, la journée de travail est finie, il est temps d’aller prier à nouveau. La nuit est tombée, la lune se lève, la communauté s’est endormie et la nuit étoilée enchante leur sommeil d’une cité idéale dont les murs blancs reflètent la lumière de l’idée du vrai, du beau et du bien.

lundi 8 septembre 2008

Orfraie des marais de Bourges.




Non ce n’était pas le radeau de la Méduse, ni l’embarquement pour Cythère, ni la pirogue sur les eaux de l’Amazone à la recherche de la statuette à l’oreille cassée, non c’était tout simplement des barques funéraires qui emmenaient nos âmes sur l’autre rive car on s’était dit qu’on était mort et que c’était l’heure d’abandonner, jardin, verger et maison. Au son de la cornemuse et de la derbouka, les plates glissaient sur les eaux noires et les applaudissements des gens restés sur la rive crépitaient dans la nuit calme et tranquille où les pâles ramures des saules se balançaient doucement au souffle léger de la brise. Mais Hadès, le dieu des morts nous a laissé repartir : Pierre de Lune ne s’est pas retourné pour voir si Graine de Cannelle était toujours là. C’est ce qu’il fallait faire pour revenir à la vie et lorsque le marinier plaça la barque au bord de la rive, ils retrouvèrent la terre ferme telle qu’ils l’avaient laissée avec plaisir et un peu de soulagement pour Pierre de Lune qui avait un peu mal au cœur quand la barque de temps en temps tanguait et beaucoup pour Graine de Cannelle qui ne sait pas nager. Il ne manquait plus que la barque se renverse et alors si nos matelots en herbe prennent le bouillon dans les marais et disparaissent corps et bien, je crains fort qu’ils restent sur l’autre rive pour l’éternité.

lundi 1 septembre 2008

Berrichon dans l'âme?




Votre âme est un paysage où se posent de douces collines dont les prairies qu’encadrent les lignes plus sombres des haies deviennent bleutées au fur et à mesure que le regard s’étend vers l’horizon puis vers le ciel où flottent les beaux nuages qui avancent, s’étirent lentement et modifient l’intensité de la lumière, poussés par une brise si légère que le corps dont les poumons sont imprégnés des odeurs des fleurs, de la paille et du foin, remonte toute voile dehors vers les souvenirs d’enfance et donne à l’esprit un moment d’éternité.
Et là commence le voyage intérieur, au détour d’un chemin, vos pas vous emmènent vers une petite maison ancienne où derrière broutent quelques vaches dont les gros yeux doux suivent un songe intérieur qui les portent vers des prairies encore plus vertes où leurs bouses attireraient des papillons aux ailes plus blanches et des mouches aux ailes plus dorées.