dimanche 29 mars 2009

La gare divine.


L’arbre attend ses feuilles et ses fruits à côté de la gare qui attend son train. Un peu débordé ces temps-ci – il n’a pas eu le temps encore de ranger tout son fouillis devant la maison, le chef de gare s’est endormi et rêve qu’un train blanc est annoncé avec ses trois wagons citernes remplies de lait, de vin et de miel dont la livraison est attendue au paradis avec impatience. Ensuite le convoi divin montera droit au-delà des nuages avec des rails qui relient la terre au ciel comme l’échelle de Jacob qui voyait en songe des anges monter et descendre alors qu’il était bien seul, allongé à même la terre, la tête sur une pierre et qu’il ne savait pas encore, perdu dans la nuit immense, s’il reverrait un jour la terre sainte.

vendredi 27 mars 2009

La barque


Remplie d’eau, la barque abandonnée attend contre tout espoir son passeur qui ne reviendra plus. Accrochée aux bords du fleuve, pourra-t-elle résister longtemps aux crues du printemps ? Immobile, indifférente à l’ingratitude des hommes, elle songe, avant que le bois se désagrège et qu’il soit charrié vers le néant de l’océan, a ses cousines lointaines dont les coques en papyrus avec une forme de croissant de lune remontaient le Nil, à l’ombre des pyramides devant lesquelles le Pharaon, lors de ses funérailles, était transporté dans la barque solaire pour être protégé dans sa dangereuse navigation vers l’autre monde.

dimanche 22 mars 2009

Le fleuve métaphysique


Le monde roule ses flots entre les berges de l’éternité pour atteindre l’océan du néant Puis il se rétrécit en un point noir qui s’évapore en des signes qui concentrent dans un autre temps une énergie considérable qui explose comme un coup de tonnerre d'une intensité sans limite pour que le monde à partir d’un point agrandisse un cône à la vitesse de la lumière et construise un espace-temps réel ainsi retrouvé avec l’espoir qu’il se forme au moins une terre avec de l’eau, cette eau qui s’évapore de l’océan, forme des nuages qui donnent la pluie, source des sources d’où dévalent des torrents, coulent des ruisseaux, des rivières, des fleuves dont les bords sont si propices à la méditation, où bien des hommes ont rêvé devant cette eau sur laquelle le vent dessine de temps à autre l’écume des jours qui passent et donnent à penser que la vie est un long fleuve tranquille.

jeudi 19 mars 2009

Les ailes de l'énergie







Une grande aile métallique allongée sur un camion très long attend d’être montée avec deux autres au sommet d’une sorte de mât immense en haut duquel sera hissée à l’aide d’une grue la cabine de l’éolienne. En ce moment dans le Berry, il en pousse partout comme des champignons après une bonne petite pluie. Le vent n’aura plus qu’à souffler et les ailes de ces moulins gigantesques tourneront pour produire la farine invisible de notre bien-être. Désormais dans les plaines à l’intérieur des terres, les paysans sur leur tracteur pourront ressentir la force utile du vent comme les marins d’autrefois dont le bateau toute voile dehors partait tout droit vers le large et s’éloignait de la terre où ils avaient laissé leurs familles et leurs amis qui regardaient du rivage la mer et le ciel pour voir si le temps allait vers le beau comme nous-même regardons vers l’avenir en espérant que notre terre restera bleue comme une orange.

lundi 16 mars 2009

La terre



Sous un ciel sans nuages, la terre travaillée, retournée, malaxée étend sa surface brune jusqu’à l’horizon bleuâtre des forêts lointaines. Rien ne bouge si ce n’est le vent, ce vent si particulier du mois de mars qui souffle d’une façon continue et vous traverse les vêtements et peut emporter votre âme comme il a emporté jadis celle des conquistadors vers les côtes où la mer aux couleurs changeantes étend sa surface jusqu’aux terres inconnues et ce n’est pas le fortissia en cette saison qui aurait pu les retenir, cet arbuste qui annonce l’arrivée du printemps et dont la couleur des fleurs ressemblent trop à la couleur du précieux métal que ces hommes recherchaient jusqu’à la folie dans ces pays où l’or pensaient-ils coulait à flot au fond des vallées sombres et mystérieuses.

mercredi 11 mars 2009

Le chant des pierres


Dans son silence, le champ de cailloux laisse chaque jour, le temps passer sur lui. Mémoire des mers, des ciels, des pluies, des frimas, des soleils, les pierres semblent l’axe autour duquel tourne la vie dont les éléments se transforment sans cesse. Pourtant leur matière dense, opaque, dure, sur des millions d’années se transforme lentement par l’eau dont la transparence et la pureté nous permet de les voir toutes arrondies au fond de la rivière à l'image de nos souvenirs qu'embellit la mémoire, qui deviennent ainsi tout ronds comme des bons petits galets au fond du lit de nos émotions.

lundi 9 mars 2009

Un signe du ciel?



Une traînée blanche se déroule comme une écharpe au vent du soir. Cela ne peut-être le « Concorde » qui ne vole plus depuis longtemps déjà et pourtant quel bel avion : que ce soit au décollage ou à l’atterrissage avec son nez qui se relevait ou s’abaissait et son fuselage si profilé et ses ailes si allongées et si larges qu’on aurait dit à la fois un monstre sorti tout droit de la préhistoire en même temps qu’un objet fantastique, avec sa technique et son métal, sorti tout droit de la science-fiction. Lors de son dernier vol, il a fait l’objet d’une ferveur populaire à la mesure de l’évènement. Les gens dont la plupart n’auraient pourtant jamais eu les moyens de se payer un vol sur le Concorde, agitaient des drapeaux tricolores sur le talus qui borde la piste et tout l’équipage avant de partir, à travers les hublots, leurs répondait avec des signes de la main et agitait eux aussi des petits drapeaux. Certains étiraient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire « Merci ». Et moi je remercie tous ces gens qui ont eu à cœur de défendre notre avion jusqu’au bout, qui nous ont réunis tous ensemble devant un symbole fort de notre pays où les avions volent pardessus les beaux paysages avec ses étangs, ses vallées, ses montagnes, ses bois, ses villages, ses églises, ses châteaux et ses petits manoirs dont les cloches ont été tant de fois chantées à l’école et dans les colonies de vacances.