vendredi 29 mai 2009

Les ruines


En ces temps où les pierres menacent de se taire, le soleil passe en bandes de lumière sur les ruines d’une église dont les ogives et un pan du clocher émergent immobiles, d’un écrin de verdure. De ce linceul où le silence répond au vide depuis les temps lointains, poussière et oubli inspirent le poète qui commence à écrire : « le vent du souvenir souffle sur la ruine de mes amours », et les corbeaux dans le ciel se mettent alors à croasser : « mais qu’est-ce qu’il écrit, mais qu’est-ce qu’il écrit ».

jeudi 21 mai 2009

La basse courre dans la verdure.


Construire et ressentir une belle et bonne idée qui permet de comprendre le monde laisse présager le jour où la vie intérieure prendra le chemin de la lumière dont l’éclat résonne, chante comme une musique qui conduit les âmes vers le pré où se dandine, picore et se repose la basse courre à l’ombre des arbres et du clocher à la pointe duquel la girouette ne cesse de regarder le vent et la campagne entière en écho du coq fier et vigilant qui appelle chaque matin le soleil.

mercredi 13 mai 2009

Les arbres sauveurs


Aux confins de la contrée, les villages sont incendiés et l’union des hommes de bonne volonté semble débordée. Elle ne pourra tenir longtemps devant les cavaliers noirs qui chevauchent d’énormes oiseaux et les monstres d’acier derrière lesquels s’engouffre une armée de vampires dont les cris glacent le sang des plus courageux. Aussi le plus grand magicien de la terre s’est enfoncé dans la forêt pour parler aux arbres dans ce labyrinthe de souffle et de verdure et leur demander de l’aide dans cette guerre où le monde est menacé.La lumière est alors descendue à travers ces gardiens des cimes jusqu’au bout des racines où se trouve la terre toute seule à travers le ciel, écho de la plaine qu’ils vont traverser à pas lourd et mesuré –hop, toc, boum, hop, toc, boum, hop, toc, boum ; et les oiseaux chantent, même les corbeaux sont enthousiastes de voir cette verticalité irrésistible, habillée d’ombres devenues légères, gonflées d’un transparent feuillage qu’accompagne le vent de la revanche.

samedi 9 mai 2009

La maison rose


La maison abandonnée rêve d’avoir les fenêtres ouvertes pour laisser entrer la lumière et la vie d’une famille dont les paroles et les rires résonneraient entre les murs. Dans ce berceau de verdure où les enfants jouent à cache- cache avec le chien, l’homme pourrait faire le jardin et la femme étendre le linge, pendant qu’une jeune fille un peu pâle, un verre de lait fraise à la main, serait entrain de lire, assise à la terrasse, la petite maison dans la prairie.

dimanche 3 mai 2009

La magie de la pluie



Le long de la rivière, une silhouette se déplaçait à travers la pluie de printemps où chaque chose en devient plus belle. Aucune goutte de pluie ne l’atteignait, protégé par la lueur d’une baguette qu'il tendait devant lui au grand étonnement des grenouilles qui se disaient entre elles que décidemment il se passe de drôles de choses. Tout le long du jour il se remémorait ce que lui avait dit un vieil alchimiste solitaire : « Lorsque l’eau du ciel rencontre l’eau de la rivière, tu dois remonter le fil de l’eau jusqu’au pont de l’espérance pour atteindre le château de la béatitude où t’attendent les sorciers du pays de nulle part ». Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’il était l’élu et qu’il était bien jeune, qu’il allait traverser de terribles épreuves et que le sort du monde reposait sur ses frêles épaules dans la lutte du bien contre le mal qui se répand dans tout le pays ravagé, brûlé par les cavaliers noirs dont les masques d’argent sous la lune d'albâtre se reflèteront bientôt dans l’eau des douves qui entourent le vaisseau de pierre, perdu dans l'océan du temps.